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Universités et réseaux sociaux (ESEN)

Le développement des usages des réseaux sociaux interroge les universités : l’Ecole Supérieure de l’Education Nationale (ESEN) a organisé à ce sujet une journée de formation pour les personnels de l’enseignement supérieur, jeudi 19 mai 2011.

La journée a été introduite par Clara Danon, Chef de la mission numérique pour l’enseignement supérieur (MINES) à la DGESIP, qui a présenté les enjeux et les perspectives de l’utilisation de ces réseaux tant pour l’image de l’université,  que pour la pédagogie, ou pour l’insertion professionnelle des étudiants.

Elle a en conclu que la vie universitaire ne peut rester à l’écart et qu’il faut développer une activité permanente  sur les réseaux sociaux, même si les échanges y sont horizontaux et non verticaux et hiérarchiques.

Car si les jeunes sont présents sur les réseaux sociaux, cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas besoin d’accompagnement, bien souvent ils ignorent les enjeux de l’identité numérique.

Le ministère travaille sur le c2i (nouveau référentiel du c2i niveau 1 et c2i niveau 2) et sur la nouvelle licence : les compétences numériques, dont la responsabilité numérique et l’identité numérique, devraient faire partie des compétences transverses de cette nouvelle licence.

Il faut à présent former les enseignants pour qu’ils soient à même d’accompagner leurs étudiants : elle envisage pour ce faire une université d’automne sur la culture des réseaux. Elle prévoit également de mettre à disposition les résultats d’une veille sur les expériences en cours.

La deuxième intervention, celle de Jacques François Marchandise, directeur recherche et perspective de la FING, a été un questionnement sur les réseaux sociaux, les étudiants et les évolutions sociétales. Parmi elles :

  • l’université est-elle une bulle ou un hub ?
  • les réseaux sociaux sont-ils le support de nos trajectoires d’apprentissage ?
  • quelle articulation possible entre ENT et réseaux sociaux ?
  • comment articuler l’horizontal et le vertical ? le procédural et les outils buissonniers ?
  • les cimetières des intranets d’un côté et les plateformes qui marchent de l’autre ?

Enfin il a abordé la question du capital social : l’enquête socio-geek organisée par la FING a montré que ceux qui ont déjà des relations, vont plus loin sur les réseaux sociaux que les autres.

(encore une fracture donc, liée aux usages du numérique).

Sophie Mahéo, Ingénieur en  Technologie de Formation et Community manager à Paris5 Descartes, a aussi témoigné des tensions entre la logique de l’institution et l’horizontalité de la dynamique communautaire.

Elle a rappelé le développement de leur réseau social (les Carnets2 de René Descartes) depuis la « ferme de blog » de 2006 ouverte à 52 étudiants testeurs jusqu’aux milliers de membres du réseau actuel (au moins 25% de l’ensemble des étudiants et des personnels). Ce réseau est au service des usagers et pas seulement pour la réputation de l’Université. Leur slogan est :  rendez vos compétences visibles !

C’est à la fois un ENT et un réseau social ouvert sur le reste du monde. Une grande partie des contenus sont publics et, d’un clic, publiables sur d’autres réseaux. En effet ce réseau ne s’oppose pas aux autres mais s’inscrit en complémentarité. Elle parle à ce propos de « maison commune » qui renforce le sentiment d’appartenance à l’Université. C’est aussi un moyen, pour l’Université, de former à l’identité numérique (devenir acteur, stratège, et d’exposer leurs compétences). Le réseau héberge différents groupes, identitaires ou pédagogiques dont certains peuvent former, à la demande des enseignants, compte tenu des données publiées,  des sous-réseaux totalement privés.

Un réseau social universitaire permet

  • l’individualisation dans une université de masse
  • le travail entre pairs
  • le dialogue avec le tuteur
  • la mobilité
  • le temps réel
  • etc.

Sur le plan technique elle rappelle que le réseau est développé sur une plateforme Elgg et qu’ils ont fédéré une communauté francophone d’utilisateurs de Elgg : elgg.fr

Sur ce même plan les principales questions sont celle de l’interopérabilité et de la portabilité des profils.

Le dernier intervenant de la matinée, Jean-Paul Pinte (Université Catholique de Lille) qui intervenait sur le thème « les apprentissages à l’aune des réseaux sociaux » a bombardé l’assistance sous une pluie d’outils de veille et de cartographie de l’information à utiliser pour l’enseignement ou le renseignement ainsi que de réseaux sociaux, en si grand nombre qu’il devenait impossible de s’approprier le thème traité !

Dans l’après midi nous avons entendu deux excellents retours d’expérience.

Le premier a été celui de Christophe Batier, directeur technique Innovation pour la pédagogie à l’Université Claude Bernard Lyon 1.

Il a parlé de « social learning » qu’il définit comme l’utilisation des réseaux sociaux de façon informelle pour l’éducation. Pour lui, chacun définit sa stratégie d’usage des réseaux sociaux et choisit parmi l’ensemble des médias à notre disposition.

Les avantages qu’il trouve aux réseaux sociaux pour les universités sont :

  • une communication sans coût
  • le sentiment d’appartenance
  • l’éducation à l’identité numérique
  • la création de son réseau de savoir  (cf le connectivisme)
  • la gestion des anciens
  • etc.

Il a conduit un certain nombre d’expérimentations dans l’esprit du social learning tel que défini précédemment : une page facebook, un partenariat avec viadeo, un compte twitter…

En 2007 ils ont développé un connecteur qui faisait remonter les cours depuis leur plateforme de formation « spirale », dans les profils Facebook des étudiants. Malheureusement l’évolution de Facebook n’a pas permis de poursuivre cette expérience, aussi aujourd’hui, ils se recentrent un peu plus sur la classe, tout en laissant à tous la possibilité de créer un compte ou non sur le réseau de l’université.

Christophe Batier nous a raconté des histoires enthousiasmantes et très révélatrices de ce que l’on peut idéalement attendre de notre présence sur les réseaux sociaux : celle, par exemple, d’un étudiant en pharmacie dont la thèse a été encadrée par au moins 200 personnes de tous horizons, parce que son tuteur et lui avaient choisi Facebook pour communiquer ! Ou encore l’histoire du professeur qui charge ses étudiants de mesurer la circonférence de la terre grâce à leurs amis Facebook qui vivent sur le même méridien (en calquant l’expérience sur celle d’Erathostène – mesure de l’ombre d’un bâton – mais au 21ème siècle, à l’échelle des réseaux sociaux)!

Sa présentation est déjà en ligne ici : http://www.slideshare.net/batier/esen-reseaux-sociaux19mai

Mais j’espère pouvoir vous communiquer très bientôt l’url de l’enregistrement, puisque la journée a été filmée par canalC2 de l’Université de Strasbourg, afin de vous faire profiter de sa faconde !

Pierre-Alain Muller, professeur à l’Université de Haute Alsace nous a rendu compte de leur expérience sur Facebook développée dans le but de créer du lien entre les lycéens, les étudiants et les alumni (les anciens élèves). Il s’agit notamment de l’expérience de l’application développée pour lier la page Facebook au pass campus Alsace, au travers des « bons plans » autorisés par ce pass étudiant, bons plans trouvés et publiés sur Facebook par les étudiants.

Si cette application a été téléchargée par beaucoup de monde, son intérêt est un peu retombé du fait qu’il n’y avait pas suffisamment de bons plans renseignés par les utilisateurs qui, du coup,  ne voyaient pas bien souvent l’application publier sur leur mur.

Ceci a mis en lumière une autre difficulté liée à l’utilisation des réseaux sociaux grands publics comme Facebook.

En fin de journée, Christine Vaufray, rédactrice en chef de Thot Cursus a fait un intervention qui constitue une excellente synthèse de la journée et dont je rendrai compte ultérieurement !

Pour ma part je retiendrais à ce stade : le côté informel du social learning, l’Université conçue comme un hub qui pourrait être son réseau social, ou encore celui-ci vu comme la maison commune des étudiants et des personnels, c’est à dire le moyen de développer un sentiment d’appartenance en toute liberté, et enfin le besoin de formation et d’accompagnement pour tous les acteurs.

Une Réponse

  1. […] journée « université et réseaux sociaux » dans laquelle on pourra noter (au travers de ce compte-rendu) que […]

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